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samedi 5 mai 2018

Born on the Fourth of July (1989)

Initialement écrit le 05/03/2016


Born on the Fourth of July (1989), film tiré du roman autobiographique de Ron Kovic, qui était à la base un volontaire patriotique galvanisé pour la guerre US au Vietnam, mais qui va faire beaucoup de saloperies une fois là-bas, pour finir paralysé à vie (et stérile) sur une chaise roulante à l'issue d'un échange de tirs.
Une fois de retour chez lui, son patriotisme persistant est mis à mal par les différentes protestations de ses pairs, on le verra de plus en plus douter de ses convictions et tomber dans la déchéance (stress post-traumatique aidant). Ça aborde/effleure également le sujet des conséquences que le déchaînement maccarthiste anti-communiste a eu sur la société et à l'intérieur des familles américaines pendant les 30 glorieuses.

Je l'avais déjà vu en partie vers l'aube de mon adolescence mais je me souvenais quasiment de rien, hormis vaguement la scène de dispute avec ses parents. Bon, juste après avoir vu "Johnny Got His Gun", ça donne l'impression que c'est rien ce qu'il a en comparaison, du coup pour la compassion c'est zéro. =>[]
Sinon c'est pas mal mais la morale de l'histoire reste toujours très patriotique en fait ("on aime toujours notre nation mais c'est les dirigeants corrompus qui abusent d'elle dont on veut pas").
Les scènes de doutes et de dépression sont tantôt tragiques tantôt drôles (genre quand ils se chamaillent comme des gamins au milieu du désert mexicain). Donc mitigé pour ma part mais c'est plutôt un film de bonne qualité. Peut-être la meilleure performance de Tom Cruise également (avec celle dans "Rain Man"). Enfin ça lui changeait de "Top Gun" qui était une pub d'1h30 pour le recrutement dans l'armée.

Et rien que ce dialogue surpasse en intelligence tout ceux de Top Gun réunis. =>[]
Dans les choses bien, est montré ce qu'on devine de manière plus ou moins discrète dans beaucoup de récits de vétérans, et rarement dans les fictions : énormément de soldats américains arrivés là-bas passent un temps fou à ne pas voir de 'vietcong' avant un bon moment. En fait comme les vrais combattants vietnamiens se terraient dans des galeries souterraines parce que tout le Vietnam était tapissé de bombes et autres agents bactériologiques sans arrêt (plus du double du total des bombes de toute la seconde guerre mondiale), la plupart du temps les soldats US s'en prenaient à des villages ou à des civils (oui parce qu'une fois de plus, les camps vietnamiens façon nazis avec des officiers et des quartiers dédiés à la torture c'est un peu un mythe, en fait les américains inversent le truc comme ils ont la sale habitude de le faire ici ou là).

Dans le discours de la plupart des vétérans c'est extrêmement tabou, mais certains d'entre eux l'ont déballé sur la table (et c'est également dit dans ce film autobiographique, une scène montre des vétérans qui se promettent qu'il ne faudra jamais parler de ça à personne) : en fait leur plus grand traumatisme pour la plupart c'est pas les conditions particulièrement dures qu'ils auraient eu là-bas, c'est ce qu'ils ont fait aux civils, le fait d'avoir tué des femmes et des enfants.
Comme au début de la deuxième guerre du Golfe (je me souviens des infos de l'époque, c'était un peu le festival on aurait cru que c'était un running-gag lulz), énormément de blessés américains en fait c'était beaucoup de tirs amis entre eux, d'explosions ou autres accidents parce que la plupart étaient des gamins de 17 ans qui faisaient n'importe quoi.

En même temps, à l'époque l'opinion publique hippie-isée était de plus en plus focalisée là-dessus et les vétérans étaient parfois accusés d'être des bouchers par les plus extrêmes, donc après la guerre il y a eu des gens et des artistes qui ont voulu un peu défendre le point de vue des vétérans (pour faire comprendre qu'ils étaient pas tous des salauds et que tous les soldats étaient pas forcément unanimement d'accord pour s'en prendre à des civils), ce que je peux comprendre. Mais pas au point que la tendance s'inverse à un tel niveau de caricature dans les médias et les fictions (les vietcong nazi-like qui avaient des camps militaires partout).

Ceci dit, quelques films sont plus proches de la réalité en s'engouffrant ni dans un extrême ni dans l'autre. Et celui-ci en fait partie d'une certaine manière (même si une fois de plus le vietnamien combattant ou civil n'y a jamais de visage humain).

Pour la doc et pour ceux qui lèvent un sourcil de suspicion, il y a ce résumé condensé de la guerre ici : http://libcom.org/history/1957-1975-the-vietnam-war
La représentation de la guerre du Vietnam dans les arts et médias américains a aussi été le sujet d'un de mes mémoires à la fac, c'est peut-être pour ça que j'en finis jamais dès qu'on me lance sur le sujet. 👾

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