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lundi 19 février 2018

Bande dessinée "La vie des festivals" (2001) par Gaudelette

Initialement écrit le 07/01/2012

J'ai envie de m'attarder sur un album de bande dessinée assez méconnu nommé La vie des festivals de Gaudelette, issu du microcosme Fluide Glacial du début des années 2000.
Là où Gaudelette le pote de Larcenet s'adonne généralement à des univers zoologiques pittoresques, il s'accorde ici des bouffées d'air avec ces planches majoritairement dénuées de décor, avec pour principal protagoniste lui-même en tant que dessinateur à Fluide, se mettant en scène sur un fond blanc, un cigare à la bouche et des tirades élaborées qui ne manqueront pas de faire sauter ses collègues au plafond.

Là où ces planches font mouche, c'est dans la créativité humoristique que lui permet l'absence d'un background à inventer, à travailler et à dessiner. Une liberté et une facilité qui finalement fera germer de bien meilleures blagues que lorsqu'il s'embourbe dans un lourd univers fictif, avec une histoire à inventer et à raconter... Ici le background existe déjà, c'est la rédaction du journal Fluide Glacial, et en tant que dessinateur il a beaucoup de choses à parodier et à tourner en ridicule. Je trouve que finalement on y gagne car il se lâche beaucoup plus que dans ses BD classiques où il doit se battre contre la feuille blanche, créer un univers, etc.

L'humour est sarcastique, parfois même un peu dégueu pour ses collègues (qui finalement viendront se venger à la fin de l'album), mais sous la simplicité et facilité apparente du procédé, la manière de manier cet humour est fait d'une main de maître par Gaudelette, subtile et intelligente, mêlée d'ironie et d'auto-dérision déguisée en auto-congratulation, le tout sous un verbe élaboré (un peu comme ici) exarcerbant le côté sarcastique de ses propos... en gros il se fout juste de la gueule de sa rédaction mais ça lui permet d'exploiter au mieux les codes humoristiques et de nous livrer des passages tout simplement bidonnants, à l'image de sa représentation de Larcenet qui, par son statut de meilleur pote, est celui qui s'en prend le plus plein la gueule, présenté comme une petite boule de nerf ridicule serrant ses petits poings boudinés et se retrouvant exténué après avoir sauté sur place en insultant son ami de longue date, le niveau primitif de ses insultes tranchant avec le langage sophistiqué de la narration, avec en guise de climax et en même temps de leitmotiv un match de ping-pong titanesque entre les deux frères ennemis.


L'album comporte également la création du fameux "cassoulet extrême" dont on retrouvera les traces (si je puis dire) dans les marges de Fluide Glacial pendant un moment.

Cependant, l'album tend à s'essouffler vers la fin, l'auteur profitant de la tribune pour y partager ses doutes et ses angoisses, celle de la feuille blanche ou celle d'avoir débiné ses collègues pendant toutes ces pages.
Mais au final il se rattrape et c'est finalement dans la cuisine du dessinateur que sa méchanceté sera vengée par ses principales victimes. Je fais une dissertation assez pompeuse parce que parfois ça me prend mais tout ça pour dire que j'ai adoré cet humour, je conseille cet album qui manque véritablement de visibilité comparé par exemple à la gloire qu'a connu par la suite son ami Larcenet, et pour cause, c'est assez intimiste (sans pour autant être trop private-joke vu que tout y est expliqué de zéro pour les profanes) et bien moins simpliste que son apparence pourrait le faire croire.

Bon, il paraît que maintenant tous les blogs BD racontent Angoulême et autres pans de la vie professionnelle de leurs auteurs, donc ça aura peut-être moins d'impact aujourd'hui. 👾

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